"J'sais pas si c'est normal, d'avoir le coeur toujours trop haut..."
5h41 du mat.
Je ne pense pas dormir cette nuit.
Il y a ce stress, tout le temps, cette peur de ne pas y arriver. Ce manque de confiance en moi et en mes capacités de réussite.
Il y a cet homme, ce gamin. Dont je suis amoureuse. Qui a - enfin - réussi à me lasser assez pour que je m'en détache, sortons les Celebrations et le Champomy, il était temps. Qui me tord encore les entrailles à des moments où je ne m'y attends pas et me rend plus coléreuse et haineuse que je ne l'ai jamais été, mais qui, la plupart du temps, et de façon très surprenante, éveille chez moi un désintérêt sans bornes, alors que quelque chose en moi devrait me donner l'envie de me battre, encore, pour lui. Je suis sûre d'aller dans la bonne direction, mais je ne comprends pas trop ce qui se passe, ni ce que je ressens.
Il y a cet énervement, aussi, cette déception. Oui, j'ai beaucoup d'amis, oui, je les aime de tout mon coeur, mais non, je ne vis pas dans un monde où les gens sont capables de faire la part des choses entre amitié et relation-fusionnelle-cro-bien-où-on-comprend-cro-la-life-oh-la-la-tu-sais-je-te-souhaite-vraiment-de-connaître-cette-sensation. Dans le vrai monde, j'arrête d'idéaliser mes amis, et je me rends compte que grandir, c'est accepter leur part de pathétique. Et grandir, c'est aussi réaliser à quel point ceux qui réalisent l'exploit de ne pas jouer aux Mariés Fiers de l'Etre sont précieux, et les remercier pour ça.
Je réussis l'exploit d'être encore moins mesurée que d'habitude. Je passe du rire aux larmes, avec une intensité qui m'effraie. Je me demande si je ne suis pas en train de devenir folle, mais je le vis plutôt bien.
Parce que je suis fatiguée, sur les nerfs, mais vivante. Et heureuse.
Grâce à ces moments où mes émotions me dépassent.
Ces moments où j'ai juste une immense envie de dire "Je t'aime, je ne sais pas ce que je ferais sans toi, merci d'être là.". Ces moments où un mot, un sourire, une intonation de voix, une vanne, un petit trait de caractère débile, une manchette de chemise moche qui dépasse, ou d'ailleurs une copine qui porte la même chemise de cow-girl que moi le même jour, m'émeuvent. Ces moments où je me dis que finalement, mon petit coeur d'égocentrique a bien plus de ressources qu'on pourrait le croire.
Il déborde, tout le temps. Mes parents qui me prennent la tête, qui m'appellent douze fois pour savoir si je n'ai pas disparu mystérieusement entre 18h et 18h01 / si j'ai bien dormi / si j'ai eu mon train / si je mange. Mon PETIT frère qui m'engueule quand je sèche un cours. Mon Pou et notre mauvaise foi: "Nan mais t'es d'accord c'est pas ma faute si en fait je veux pas lui parler? C'est pas moi qui suis méchante hein?". Mes amies qui s'inquiètent pour moi, alors même que je leur dis qu'elles m'emmerdent. Mes tarées de nouvelles copines qui transforment chaque journée en aventure.
Cette nuit, je ne dors pas.
Je rôde dans ma chambre dans un pyjama ridicule, j'essaie de ne pas me ronger les ongles.
J'écoute "Angels we have heard on high" de Josh Groban et Brian McKnight. J'ai des frissons, envie de pleurer, c'est plus fort que moi. Je ferme les yeux.
Je suis vivante, je suis heureuse.
(Eh mais comment elle est pas drôle elle en ce moment! Quid des kikou?
Quid des lol? Quid des moqueries et des nanani? Quid des dramas et des
nanana? Vraiment, on nous ment.)
Mathilde, tout simplement. C'est déjà bien assez.
Listening :
"Angels we have heard on high" de Josh Groban et Brian McKnight
"You raise me up" de Josh Groban et l'African Children's Choir